Le réflexe des moines tibétains pour restaurer l’équilibre digestif
Sans surprise, la science redécouvre (et brevète) ce que les anciens savaient déjà
Carnet d’Exploration Botanique
#EthnoBotanique #EthnoPharmacologie #EthnoMédecine
Par Thibaut Vernier
18 avril 2025
Chère amie, cher ami,
July, Claudette, Cornelia, François, Patricia, Paolina, Philippe, Christian…
Je m’arrête là.
Sinon la liste va finir par ressembler à un générique de fin de film, où même l’assistant qui apporte le thé aurait droit à son heure de gloire !
Vous êtes 168 à avoir pris le temps de m’écrire.
168 messages, suggestions, partages, élans, questions.
Et tous attendent encore une réponse de ma part 🤠.
Croyez-moi, j’en ai pris connaissance.
Parfois en pleine nuit, une tasse de Shilajit à la main, tandis que je finalisais les derniers chapitres de mon nouveau livre.
Livre que j’ai remis à l’éditeur la semaine dernière.
Non sans une larme ou deux, peut-être à cause d’une poussière d’encens de kyphi dans l’œil, ce parfum antique de l’ancienne Égypte…
Alors, avant de replonger dans vos commentaires, il est temps de remettre le cap sur les remèdes perdus du Tibet !
De réenfiler votre manteau de l’explorateur des savoirs oubliés, celui qui écoute les plantes comme on écoute une mémoire ancienne.
Prête ? Prêt ? On y va.
Un puissant activateur du feu digestif
Fruit sacré à travers les âges, la grenade (Punica granatum) fascine par son jus écarlate, associé depuis toujours à la fertilité et à la vitalité.
De la mythologie grecque au savoir tibétain, elle traverse les civilisations, nourrissant les guerriers et guérissant les corps.
En médecine tibétaine, la santé digestive repose sur l’équilibre entre chaleur et froid interne.
La grenade, classée parmi les aliments « réchauffants », est considérée comme un puissant activateur du feu digestif.
Un passage du second tantra de la médecine tibétaine affirme :
སེ་འབྲུས་ཕོ་བའི་ནད་རྣམས་མ་ལུས་སེལ། །མེ་དྲོད་སྐྱེད་ཅིང་བད་ཀན་གྲང་ནད་འཇོམས།
« La grenade guérit tous les troubles digestifs. Elle nourrit le feu digestif, et élimine les déséquilibres du froid et du vent ».
Dans la médecine tibétaine, le feu digestif est essentiel pour la transformation des aliments en énergie.
Lorsque celui-ci est affaibli par un excès de froid, la digestion ralentit, entraînant ballonnements, perte d’appétit et diarrhée.
Le réflexe des moines tibétains pour restaurer l’équilibre digestif
La grenade, par sa nature chaude et son action astringente, stimule ce feu et restaure l’équilibre digestif.
Selon cette tradition, la grenade aide à :
- Stimuler l’appétit et améliorer la digestion ;
- Apaiser les ballonnements et les inconforts gastriques ;
- Traiter la diarrhée causée par un déséquilibre du froid interne (Beken) ;
- Réchauffer l’organisme et favoriser un métabolisme équilibré.
Les moines tibétains privilégient la décoction de pelures séchées, reconnue pour son effet protecteur sur l’intestin.
Cette pratique millénaire trouve aujourd’hui une validation scientifique, les études ayant confirmé les effets anti-inflammatoires et réparateurs des polyphénols de la grenade sur le système digestif.
Des vertus prouvées contre l’inflammation digestive
Les chercheurs modernes ont confirmé que la grenade regorge de polyphénols, notamment l’acide ellagique et les ellagitanins, qui possèdent des effets anti-inflammatoires et protecteurs sur l’intestin.
Une étude publiée en 2013 dans la revue Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine a montré que différents extraits de grenade (pelure, jus, graines et fleurs) exercent un effet anti-ulcéreux et anti-inflammatoire sur le tractus digestif.
L’acide ellagique a été identifié comme le principal composé responsable de cette action.
Les résultats des tests in vivo ont révélé que la consommation régulière de grenade :
- Réduit les inflammations intestinales (idéal pour les personnes souffrant de colite ou de syndrome de l’intestin irritable) ;
- Protège la muqueuse gastrique contre les lésions causées par l’acidité ;
- Favorise l’équilibre du microbiote intestinal, en nourrissant les bonnes bactéries.
Un puissant régulateur du métabolisme et du diabète
Les bienfaits de la grenade ne s’arrêtent pas à la digestion.
Elle s’impose aussi comme un allié de poids contre les troubles métaboliques, notamment le diabète et la résistance à l’insuline.
Une étude de 2014, menée sur 85 personnes atteintes de diabète de type 2, montre que la consommation de jus de grenade réduit le glucose sanguin à jeun et améliore la fonction des cellules bêta pancréatiques, responsables de la production d’insuline.
Après seulement trois heures, les résultats sont déjà visibles :
- Baisse du glucose sanguin chez les patients en hyperglycémie ;
- Diminution de la résistance à l’insuline, ce qui facilite l’absorption du sucre par les cellules ;
- Amélioration de la sensibilité métabolique, même chez des patients âgés.
Les chercheurs suggèrent que ces effets sont dus aux polyphénols de la grenade, qui agissent comme des antioxydants puissants et protègent les cellules du stress oxydatif.
La science redécouvre (et brevète) ce que les Anciens savaient déjà
Ce que la médecine tibétaine enseigne depuis des siècles — que la grenade nourrit le feu digestif et guérit les déséquilibres internes — la science commence à le valider… à sa façon.
En effet, une entreprise suisse, Amazentis (devenue Timeline), a isolé l’un des composés que produit notre corps après avoir digéré les polyphénols de la grenade : l’urolithine A.
Cette molécule, aujourd’hui brevetée, est vendue comme complément « anti-vieillissement » pour muscler vos mitochondries.
Mais voici le paradoxe : l’urolithine A n’existe pas dans le fruit lui-même.
Elle n’apparaît qu’après transformation par certaines bactéries intestinales.
Et tout le monde n’a pas le microbiote nécessaire pour la produire.
Alors les laboratoires ont tranché : produire une version synthétique, isolée, standardisée… et déposée.
Pourtant, là où la science découpe, la nature compose.
La grenade n’est pas un médicament monomoléculaire.
Elle agit en réseau, sur le microbiote, la muqueuse, le feu digestif, les organes profonds…
Ce que la tradition appelle « énergie vitale » n’a pas encore son équivalent en laboratoire.
Alors plutôt qu’un extrait isolé, pourquoi ne pas faire comme les Anciens : profiter de la grenade entière, dans toute sa complexité vivante ?
Un autre paradoxe, encore plus troublant…
Un fait peu connu vient tout remettre en question : l’urolithine A — ainsi que sa cousine, l’urolithine B — sont déjà présentes naturellement dans le Shilajit.
Des analyses récentes, notamment sur les extraits brevetés PrimaVie®, ont révélé jusqu’à 10 % d’urolithines dans certains lots.
Pourquoi ?
Parce que les animaux sauvages aiment à nidifier près des parois d’exsudation du Shilajit.
Ils y laissent des résidus biologiques riches en métabolites transformés, dont les urolithines, qui s’intègrent au bitume minéral…
Le résultat ?
Une matière brute, millénaire, chargée de toutes les signatures de la vie.
Et là où l’industrie chimique cherche à breveter une molécule isolée, la montagne — elle — offre une pharmacopée vivante, où l’urolithine A est en interaction avec des dizaines d’autres constituants bioactifs : acides fulviques, acides humiques…
Qui, dans ce cas, détient vraiment le « savoir » ?
Le laboratoire qui isole, ou la nature qui orchestre ?
Peut-on vraiment privatiser une molécule… quand elle existe déjà dans un élixir sécrété par la terre elle-même ?
Pour mes lectrices et lecteurs qui auraient encore des questions, je peux vous renseigner, à condition que vous en fassiez la demande en commentaires en bas de cette page.
Portez-vous bien,
Thibaut Vernier
Ingénieur, Ethnobotaniste,
Rédacteur de la lettre des Médecines Sacrées