LE CATAPLASME ANTI-INFLAMMATOIRE DES GUÉRISSEURS MAYAS

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UNE SOLUTION À USAGE EXTERNE ET INTERNE POUR APAISER LES TISSUS ENFLAMMÉS !

Carnets d’Exploration Botanique
#EthnoBotanique #EthnoPharmacologie
Par Thibaut Vernier
19 avril 2024

Chère amie, cher ami,

Suite à mon article sur le cacao sacré, j’ai reçu 236 commentaires de votre part ! 🙌

« Je suis en retard pour la lecture de mes e-mails et mes revues reçues, mais je peux vous dire que j’apprécie vos écrits sortant de l’ordinaire et instructifs  » – Lucie

« J’ai trouvé cet article sur le cacao sacré des Mayas enrichissant et très intéressant. » – Chantal

« Très impressionné parce que vous m’avez appris sur le cacao merci » – Marie-Anne

« Génial  j’aime vos nouvelles on apprend à chaque fois merci » – Maryse

« Votre article m’a passionnée » – Joëlle

Merci à toutes et à tous pour vos messages et votre engagement ! 🙏

Plus surprenant encore, j’ai même reçu un message de félicitations de Norbert, en langue espagnole, que je vous traduis ici :

« Bon, je ne vais pas répondre en langue MAYA mais bien en espagnol, la langue des conquérants ! L’article est bien fait, il indique même les mots MAYAS correspondant à chaque information. J’ai bu du chocolat au Guatemala, comme ils le font là-bas sans préparation industrielle, ni lait, juste avec de l’eau et un peu de sucre que l’on ajoute soi-même à la boisson. Alors BRAVO et MERCI !  » – Norbert

Merci, Norbert, cela me fait énormément plaisir 🙂.

J’en profite aussi pour annoncer une excellente nouvelle !

Désormais, vous recevrez une notification par email chaque fois que je réponds à l’un de vos commentaires.

Cela vous permettra de ne manquer aucune de mes réponses, qu’il s’agisse de précisions, de conseils, ou même de recettes et adresses que je partage avec vous.

En attendant, continuons notre voyage au cœur des médecines traditionnelles mayas !

Aujourd’hui, je vais vous parler du pourpier, cette plante que nous considérons à tort comme une mauvaise herbe…

Et que nous consommons, au mieux, comme une simple salade…

Alors qu’elle est une merveilleuse herbe médicinale pour soulager les tissus enflammés !

LE POURPIER : UNE PLANTE ÉMOLLIENTE QUI CALME LES TISSUS ENFLAMMÉS

Cap sur le sud du Guatemala et le Belize !

C’est là que des explorateurs ont rapporté dans les années 90, deux usages du pourpier (Portulaca oleracea L.) par les guérisseurs traditionnels Mayas :

• Au Belize, le Dr. Rosita Arvigo constate qu’il est utilisé en cataplasme pour soulager la douleur, l’inflammation et la raideur ;

• Tandis que l’explorateur et ethnopharmacologue, Jean-Pierre Nicolas, note son utilisation sous forme de décoction contre les inflammations digestives de types gastrites (inflammations de la muqueuse intestinale).

Eh bien vous ne serez pas surpris d’apprendre que ce soit au Belize ou au Guatemala…

Les guérisseurs Mayas ont vu juste !

En effet, la recherche moderne confirme son action émolliente, c’est à dire qui relâche et calme les tissus enflammés – qu’ils soient internes ou externes.

Avec justement des effets validés sur l’inflammation et la douleur .

Petit aparté, bien plus au sud, dans les Andes…

… les guérisseurs Kallawayas emploient eux aussi une autre variété de pourpier (Portulaca peruviana) appelée “Nuttu Yuyu”, pour les problèmes de digestion, et de dysenterie (une forme sévère de diarrhée qui provoque une inflammation de l’intestin)…

Mais revenons sur Portulaca oleracea L. !

ANTI-DOULEUR : DES RÉSULTATS COMPARABLES AU DICLOFÉNAC DE SODIUM !

Dès les années 2000, une étude publiée dans le Journal d’Ethnopharmacologie rapporte que l’extrait éthanolique de parties aériennes séchées du pourpier (feuilles et tiges)…

… possède un effet analgésique et anti-inflammatoire comparable à celui de la solution de diclofénac de sodium !

Pour rappel, le diclofénac est l’un des anti-inflammatoires non stéroïdien (AINS) les plus couramment prescrits en cas de douleurs. 

De fait, le cataplasme de pourpier pour soulager la douleur et l’inflammation semble donc tout indiqué !

Malheureusement, je déplore qu’aucun laboratoire n’ait à ce jour cherché à développer une crème anti-douleur à base de pourpier.

Comme je sais que des laboratoires me lisent, considérez ceci comme un appel du pied !

Par exemple, une association pourpier & lierre grimpant (Hedera helix) – tous deux présentes dans nos régions – me paraît un bon début !

Je vous ai parlé de l’action du pourpier pour calmer les tissus musculaires enflammés.

Il est temps d’évoquer son action anti-inflammatoire sur nos tissus internes.

UN CATAPLASME À USAGE INTERNE CONTRE LES INFLAMMATIONS DIGESTIVES

Depuis à peine 5 ans, de nouvelles études s’intéressent aux capacités du pourpier à calmer les infections digestives. 

Ces études concluent que le pourpier possède une efficacité clinique certaine :

• Contre la diarrhée bactérienne et des effets anti-inflammatoires ;
• Contre les maladies inflammatoires de l’intestin ;
• Dans la prise en charge de patients souffrant de constipation fonctionnelle (étude menée sur 60 patients) ;
• Ainsi que dans la gestion de l’hyper inflammation chez les patients souffrant de stéatose hépatique non alcoolique (NASH) – étude menée sur 71 patients.

De plus, une étude de mars 2024 positionne le pourpier comme un nouveau candidat prometteur pour le traitement et la prévention des cancers du système digestif liés à l’inflammation.

Passons maintenant à la composition du pourpier.

UN REMÈDE ANTI-SCORBUT DE JAMES COOK

Le pourpier est une plante riche en vitamines et en minéraux et figure parmi les sources végétales les plus riches en acides gras oméga-3 et 6.

Pour vous faire une idée, le pourpier contient 10 fois plus d’acides gras totaux que les épinards ou le chou frisé.

De plus, une portion de 100g de parties aériennes de pourpier sec contient environ 152 mg de Vitamine C, soit 150% de la dose quotidienne recommandée.

Sachant que le pourpier frais contient plus de 90% d’eau, 2 bols de salade de pourpier frais équivalent à un peu plus de 30% des apports quotidiens recommandés. 

Je ne suis donc pas surpris qu’il ait servi en tant que plante antiscorbutique lors de l’exploration de l’Australie par James Cook.

GARDIENS DES MÉDECINES ANCESTRALES, EN 1ER LIGNE POUR BÂTIR LA MÉDECINE DE DEMAIN

Vous l’avez compris, les explorateurs et les ethnopharmacologues jouent un rôle essentiel dans la valorisation des usages traditionnels des plantes médicinales. 

Ce sont eux qui permettent souvent de dévoiler des propriétés thérapeutiques inédites.

Bien avant que celles-ci ne soient reconnues par la communauté scientifique mondiale et adoptées par l’industrie pharmaceutique.

L’histoire du pourpier illustre parfaitement ce phénomène. 

Référencé en tant qu’anti-inflammatoire externe et interne dès les années 90.

La recherche scientifique et les laboratoires ont mis plus de 30 ans à s’y intéresser.

Et il faudra probablement attendre une décennie de plus pour développer, tester et commercialiser des médicaments basés sur ces découvertes.

Fort heureusement, l’ethnopharmacologie ne se limite pas à la découverte et l’identification de nouveaux médicaments. 

Notre mission première est de contribuer à la préservation du savoir traditionnel et à sa transmission aux générations futures. 

En tant qu’ingénieur et passionné de la transmission des savoirs ancestraux, je participe depuis bientôt six ans à cette mission vitale.

C’est la mission principale que je me suis confiée en créant la lettre Médecines Sacrées.

Ainsi, en me joignant aux efforts des ethnopharmacologues, nous contribuons tous ensemble, chacun avec notre expertise, à sauvegarder ces connaissances ancestrales. 

Nous sommes, chacun à notre manière, des gardiens des médecines ancestrales et, par conséquent, en première ligne pour bâtir la médecine de demain.

Pour mes lecteurs intéressés, je peux partager les recettes mayas du cataplasme anti-douleur et du cataplasme interne contre les inflammations digestives, à condition que vous en fassiez la demande en commentaires en bas de cette page.

Portez-vous bien,
Thibaut Vernier
Rédacteur de la lettre des Médecines Sacrées

P.S. Votre avis compte énormément pour moi ! Avez-vous trouvé cet article enrichissant ? Partagez vos impressions en commentaire.

Sources :
[1] Rainforest Home Remedies: The Maya Way To Heal Your Body and Replenish Your Soul Paperback, Livre de Nadine Epstein et Rosita Arvigo, January 9, 2001
[2] Nicolas, J.P., 1999, Plantes médicinales des Mayas K’iché du Guatemala. Éditions, Ibis press, Paris, 320 p.
[3] Uddin MK, Juraimi AS, Hossain MS, Nahar MA, Ali ME, Rahman MM. Purslane weed (Portulaca oleracea): a prospective plant source of nutrition, omega-3 fatty acid, and antioxidant attributes. ScientificWorldJournal. 2014 Feb 10;2014:951019. doi: 10.1155/2014/951019. PMID: 24683365; PMCID: PMC3934766.
[4] Li K, Xia T, Jiang Y, Wang N, Lai L, Xu S, Yue X, Xin H. A review on ethnopharmacology, phytochemistry, pharmacology and potential uses of Portulaca oleracea L. J Ethnopharmacol. 2024 Jan 30;319(Pt 2):117211. doi: 10.1016/j.jep.2023.117211. Epub 2023 Sep 21. PMID: 37739100.
[5] Allahmoradi E, Taghiloo S, Omrani-Nava V, Shobeir SS, Tehrani M, Ebrahimzadeh MA, Asgarian-Omran H. Anti-inflammatory effects of the Portulaca oleracea hydroalcholic extract on human peripheral blood mononuclear cells. Med J Islam Repub Iran. 2018 Sep 3;32:80. doi: 10.14196/mjiri.32.80. PMID: 30643755; PMCID: PMC6325294.
[6] Rahimi VB, Ajam F, Rakhshandeh H, Askari VR. A Pharmacological Review on Portulaca oleracea L.: Focusing on Anti-Inflammatory, Anti- Oxidant, Immuno-Modulatory and Antitumor Activities. J Pharmacopuncture. 2019 Mar;22(1):7-15. doi: 10.3831/KPI.2019.22.001. Epub 2019 Mar 31. PMID: 30988996; PMCID: PMC6461301.
[7] Kallawaya, guérisseurs itinérants des Andes, Recherches sur les pratiques médicinales et magiques, Louis Girault, Edition Mémoires ORSTOM
[8] K Chan, M.W Islam, M Kamil, R Radhakrishnan, M.N.M Zakaria, M Habibullah, A Attas, The analgesic and anti-inflammatory effects of Portulaca oleracea L. subsp. sativa (Haw.) Celak, Journal of Ethnopharmacology, Volume 73, Issue 3, 2000, Pages 445-451, ISSN 0378-8741, https://doi.org/10.1016/S0378-8741(00)00318-4.
[9] He Y, Xu G, Jiang P, She D, Huang L, Chen C. Antibacterial diarrhea effect and action mechanism of Portulaca oleracea L. water extract based on the regulation of gut microbiota and fecal metabolism. J Sci Food Agric. 2023 Nov;103(14):7260-7272. doi: 10.1002/jsfa.12810. Epub 2023 Jul 31. PMID: 37357594.
[10] Kim Y, Lim HJ, Jang HJ, Lee S, Jung K, Lee SW, Lee SJ, Rho MC. Portulaca oleracea extracts and their active compounds ameliorate inflammatory bowel diseases in vitro and in vivo by modulating TNF-α, IL-6 and IL-1β signalling. Food Res Int. 2018 Apr;106:335-343. doi: 10.1016/j.foodres.2017.12.058. Epub 2017 Dec 21. PMID: 29579933.
[11] Bang KB, Choi JH, Park JH, Lee S, Rho MC, Lee SW, Lee S, Shin JE. Effect of Portulaca Oleracea L. extract on functional constipation: A randomized, double-blind, placebo-controlled trial. Saudi J Gastroenterol. 2022 Jul-Aug;28(4):296-303. doi: 10.4103/sjg.sjg_400_21. PMID: 35848700; PMCID: PMC9408742.
[12] Reyhaneh Darvish Damavandi, Farzad Shidfar, Mohammad Najafi, Leila Janani, Mohsen Masoodi, Javad Heshmati, Somayeh Ziaei, Effect of portulaca oleracea (purslane) extract on inflammatory factors in nonalcoholic fatty liver disease: A randomized, double-blind clinical trial, Journal of Functional Foods, Volume 102, 2023, 105465, ISSN 1756-4646, https://doi.org/10.1016/j.jff.2023.105465.
[13] Shao G, Liu Y, Lu L, Wang L, Ji G, Xu H. Therapeutic potential of traditional Chinese medicine in the prevention and treatment of digestive inflammatory cancer transformation: Portulaca oleracea L. as a promising drug. J Ethnopharmacol. 2024 Jun 12;327:117999. doi: 10.1016/j.jep.2024.117999. Epub 2024 Mar 4. PMID: 38447616.
[14] Nemzer B, Al-Taher F, Abshiru N. Extraction and natural bioactive molecules characterization in spinach, kale, and purslane: A comparative study. Molecules. 2021;26:2515.
[15] https://www.vidal.fr/parapharmacie/complements-alimentaires/vitamine-c-acide-ascorbique.html
[16] Rashed AN, Afifi FU, Disi AM. Simple evaluation of the wound healing activity of a crude extract of Portulaca oleracea L. (growing in Jordan) in Mus musculus JVI-1. J Ethnopharmacol. 2003 Oct;88(2-3):131-6.

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